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Ponte et incubation

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[size=150]REPRODUCTION[/size]
Pour que les tortues terrestres se trouvent dans des dispositions favorables à la reproduction, il faut que leurs conditions de maintenance soient satisfaisantes. Elles doivent disposer de suffisamment de cachettes pour s’activer sans être dérangées, leur alimentation doit être équilibrée et leurs rythmes biologiques doivent être respectés. Il faut bien sûr qu’elles aient atteint la maturité sexuelle, qui est variable selon les espèces, mais qui survient en général plus tôt en captivité que dans le milieu naturel. Il ne faut jamais mettre plusieurs mâles dans le même enclos sous peine de les voir s’entre-déchirer.
Pour les tortues aquatiques, la maintenance doit également être satisfaisante pour espérer réussir la reproduction. Les tortues doivent bien sûr aussi avoir atteint l’âge de la maturité sexuelle. Les espèces tropicales s’accouplent tout au long de l’année, mais les pontes sont généralement regroupées sur certains mois (là aussi variables selon les espèces).
Pour stimuler les accouplements, il peut être nécessaire de séparer mâle et femelles pendant quelques temps, voire la quasi-totalité de l’année.
Pour la plupart des espèces, il est de toute façon conseillé de les séparer, afin que ces dernières ne soient pas épuisées par les assauts incessants des mâles, et de ne les mettre en présence qu’une à deux fois par an pour provoquer l’accouplement.
Il est important de prévoir dans la conception du bassin une zone plantée peu profonde pour que la femelle puisse respirer régulièrement pendant la durée de l’accouplement.
Pour reconnaître une femelle sur le point de pondre, il faut observer attentivement son comportement : peu avant de commencer, elle ne s’alimente plus (ou peu), elle est agitée et gratte (cherche à creuser).
Il est possible aussi de vérifier en palpant la femelle : il faut tirer vers soi une patte postérieure et glisser son doigt le long de sa cuisse : on peut sentir de petites boules dures qui se déplacent légèrement sous les doigts : ce sont les œufs.
Attention cependant de ne pas reproduire cette palpation trop fréquemment, au risque de stresser la femelle et de provoquer une rétention d’œufs, qui peut être fatale. Il est possible également de surveiller l’évolution du poids de la femelle après l’accouplement, la gestation entraînant une surcharge pondérale. Cette surveillance est importante pour pouvoir récupérer les œufs pour les incuber.

La ponte
Quelques semaines après l’accouplement (délai variable selon les espèces), la femelle recherche un lieu propice à la ponte, orienté plein sud ou sud-ouest, pour que les œufs profitent au maximum de la chaleur du soleil, en général en pente douce, au pied d’une plante ou d’un arbuste, dans la zone terrestre pour les tortues aquatiques. Si la terre est trop dure, elle urine pour la ramollir. Puis elle se met à creuser avec ses pattes postérieures, à une profondeur variable en fonction des espèces. Elle arrête de creuser lorsque ses pattes arrière ne touchent plus le fond du trou. La femelle dépose alors les œufs puis rebouche le trou, toujours avec ses pattes postérieures. La ponte dure environ 2 à 3 heures. La femelle effectue plusieurs pontes à 2 ou 3 semaines d’intervalle.
Pour les tortues aquatiques élevées en aquarium, bien penser à placer un bac de ponte (bac de taille suffisante pour que la tortue puisse creuser sans toucher le fond, rempli d'un mélange de tourbe et de sable. L'idéal est de mettre d'abord la tourbe, puis de recouvrir par une couche de sable. Ainsi, on limite la salissure de l'eau, et quand la tortue creuse, on peut s'en rendre compte plus facilement puisque tourbe et sable se retrouvent mélangés).
Attention, ne pas hésiter à enlever le mâle de l’enclos ou du bassin s’il dérange la femelle, sinon celle-ci peut faire une rétention d’œufs potentiellement fatale.
La Macrochelodina rugosa fait exception, puisqu’il a été découvert en 1990 qu’elle pondait dans l’eau (sous une vingtaine de cm d’eau). L’embryogénèse est alors en latence et se déclenche lorsque la zone d’eau s’assèche à la fin de la saison humide, quand les œufs se retrouvent en conditions d’insolation normales. L’incubation dure 3 à 4 mois, puis c’est la remontée des eaux qui provoque la naissance des juvéniles.
A savoir: lors des premières pontes, les femelles, sans doute par manque d'expérience, cassent souvent des oeufs.

L’incubation
Dans nos régions, le climat n’est pas propice à une incubation naturelle. Il faut donc effectuer la collecte le plus rapidement possible après la ponte. Plus on attend, plus la récolte est risquée. Lors du ramassage, il faut faire particulièrement attention à ne pas les retourner sous peine d’entraîner la mort de l’embryon (les œufs de tortues étant dépourvus de chalaze : ensemble de cordons torsadés d’albumen qui soutiennent le jaune et l’embryon (tout mouvement intempestif aurait pour résultat la mort de l'embryon par décollement de l'aire embryonnaire et rupture de ses vaisseaux sanguins). Le plus simple est de mettre un repère au crayon sur le dessus des œufs pour pouvoir les déplacer sans risque.
Il ne faut jamais nettoyer les œufs, ils sont en effet recouverts d’un produit visqueux aux propriétés antiseptiques qui a un rôle de protection contre les bactéries. D'autre part, ils sont poreux, donc tout nettoyage avec de l'eau entraînerait la pénétration de celle-ci à l'intérieur!
Il est important de respecter les variations naturelles de température du jour et de la nuit. En effet, on a constaté que les nouveaux-nés suite à une incubation à température constante ont des déformations au niveau de la carapace (écailles surnuméraires) et se révèlent plus fragiles en grandissant.
Si la température descend trop bas, le développement embryonnaire s’arrête, provoquant le décès, si elle est trop élevée, les embryons meurent également.
En général, la température d’incubation diurne se situe entre 28 et 30°C, et celle de la nuit aux environs de 20°C. La durée d’incubation est alors voisine de ce qu’on peut observer dans la nature : environ 70 à 90 jours. Ces paramètres sont bien sûr variables en fonction des espèces : la température maximale pour les Testudo spp. étant de 33°C, alors qu’elle se situe plutôt vers 28°C chez la majorité des tortues boîtes et descend même jusqu’à 27 °C pour Geomyda splengeri.
Il faut savoir que, chez les tortues, la température influe sur le sexe des embryons. En dessous d’une certaine température naîtront surtout des mâles, et au-dessus ce seront plutôt des femelles. Cette température (variable selon les espèces) s’appelle la température critique.
Pour certaines espèces, il y a 2 températures pivot : si les œufs sont incubés entre ces 2 températures, on obtient un sexe, et s’ils sont incubés en dessous de la température pivot la plus basse, ou au dessus de la température pivot la plus haute, on obtient l’autre sexe.
Un autre paramètre est également à surveiller tout au long de l’incubation : il s’agit de l’hygrométrie. En effet, si elle est trop importante, les œufs fermentent et explosent, et se recroquevillent si elle est trop faible.
Il faut aussi faire attention au choix du substrat utilisé pour l’incubation : certaines espèces sont sensibles à celui-ci, qui peut boucher les pores des œufs et priver de gaz les embryons s’il n’est pas adapté.
L’incubateur doit être placé loin de toute source de chaleur exogène (soleil, radiateur…) de façon à ne pas entraver la stabilisation de la température à l’intérieur du récipient.
Deux méthodes d’incubation sont pratiquées : la méthode du bain-marie et celle de l’ampoule chauffante. On peut également utiliser les incubateurs vendus dans les boutiques spécialisées.
Méthode de l’ampoule chauffante.
La méthode de l’ampoule chauffante n’est valable que pour les tortues terrestres méditerranéennes, l’hygrométrie étant insuffisante pour les autres tortues.
On dispose, dans un bac en verre ou en plastique (environ 60 x 50 x 60 cm) une couche de 20 cm d’un mélange de sable et de tourbe, dans les proportions un tiers / deux tiers. On enterre les œufs à 6 ou 7 cm de la surface, en les espaçant suffisamment (4 cm de centre à centre). On dispose un bol d’eau dans un coin du bac. On installe un couvercle muni de trous d’aération et équipé d’une ampoule chauffante qui permet d’obtenir une température diurne entre 28 et 30°C. L’extinction de la lampe la nuit doit permettre à la température de diminuer et de se stabiliser entre 20 et 23°C.
Il faut bien sûr placer un thermomètre et un hygromètre pour contrôler les paramètres, l’hygrométrie devant être maintenue entre 50 et 70%. Si elle est trop basse, il convient de vaporiser le substrat, si elle est trop haute, il faut entrouvrir le couvercle le temps que le taux d’humidité revienne en dessous de 60%.
Cette méthode a un inconvénient: la chaleur obtenue avec l'ampoule n'est jamais très stable. Il est donc difficile de se fier à la température pour obtenir soit des mâles, soit des femelles.


Source : L’élevage des tortues aquatiques. Association A Cupulatta. Jérôme Maran. Philippe Gerard Editions.
Figure 34 : Incubateur selon la méthode de l’ampoule chauffante.

Méthode du bain-marie.
Cette méthode convient très bien pour les tortues aquatiques et palustres.
Dans un aquarium (de 60 cm de long, ou plus selon la quantté d’œufs à incuber) on installe un bac plastique (plus petit bien sûr) sur un support (briques par exemple). On remplit l’aquarium d’eau de façon à ce que la partie inférieure du bac plastique trempe, et on chauffe avec un thermoplongeur (la température étant fonction de l’espèce) la journée, puis on coupe la nuit pour respecter le cycle nycthéméral.
Si l’on veut faire incuber plusieurs pontes, il faut disposer dans le bac en plastique plusieurs petites boîtes type Tupperware percées de trous sur les côtés et sur le couvercle, dans lesquelles on étale 5 cm du mélange utilisé pour la méthode précédente (1/3 sable et 2/3 tourbe) ou de la vermiculite de gros calibre un peu humidifiée. Les œufs sont installés sur ce substrat, toujours en laissant un espace de 4 cm entre chaque, puis les couvercles sont refermés. Un grand couvercle est alors disposé sur l’aquarium, légèrement incliné pour que l’eau résultant de la condensation glisse le long de la pente et ne retombe pas sur les œufs.
Dans une des boîtes percées de trous, il conviendra, à la place des œufs, de placer un thermomètre et un hygromètre pour contrôler les paramètres.


Source : L’élevage des tortues aquatiques. Association A Cupulatta. Jérôme Maran. Philippe Gerard Editions.
Figure 35 : Incubateur selon la méthode du bain-marie.
idem

Si les œufs ont été fécondés, ils doivent prendre une couleur blanche au bout de quelques semaines. Ceux qui restent très rosés doivent donc être retirés car ils vont nécroser et risqueraient de contaminer les autres.
Par contre, les oeufs un peu cabossés, ou jaunes ou marrons peuvent être conservés. Leur aspect peut être assez variable, cela ne signifie pas que l'oeuf n'est pas fécondé.

A savoir: certains éleveurs de Testudo hermannii, boettgeri, marginata et graeca ont constaté que la première ponte d'une jeune femelle est en générale composée d'oeufs clair.

Pour information, on peut trouver des incubateurs dans le commerce. Le plus connu est fabriqué par Jaeger. Avec ce type d'incubateur, il faut rajouter un kit d'humidification pour les tortues aquatiques, dont les oeufs ont besoin de plus d'humidité que les terrestres.

Sources:

 Guide des tortues. Les compagnons du naturaliste. 190 espèces du monde entier. V. Ferri. Editions Delachaux et Niestlé.
 Toutes les tortues du monde. Les encyclopédies du naturaliste. Franck Bonin, Bernard Devaux, Alain Dupré. Editions Delachaux et Niestlé.
 L’élevage des tortues aquatiques. Association A Cupulatta. Jérôme Maran. Editions Philippe Gérard.
 Atlas de terrariophilie. Volume 2. Les tortues terrestres et aquatiques. Animalia Editions.
 Revue Chéloniens. FFEPT
 Revue Manouria.

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